Hommage au père Lorenzo Cot à l’occasion du 150e anniversaire de sa mort

Le père Lorenzo Co symbolise le montagnard alpin avec ses qualités et ses défauts. Il rassemble les traits caractéristiques des habitants du Piémont, de la Savoie et du Valais. Ces trois régions se touchent dans les Alpes, et leurs ressortissants se sentent comme des frères. Ils partagent un caractère fort, les mêmes idéaux, des convictions bien affirmées, une foi solide et des principes pour lesquels ils sont prêts à se battre. Le père Lorenzo Cot, dont la vie et l’histoire ont été évoquées par plusieurs témoins de l’époque et par des historiens reconnus comme Celia Vernaz, Alejandro R. Gonzales Pavon et quelques autres, était doté d’une grande intelligence, d’une détermination sans faille quand il s’agissait de défendre les colons récemment immigés des Alpes. Il s’est attaché à promouvoir les valeurs sociales, humanistes et chrétiennes des colons de San José et de sa région, avec succès car il était doté d’une personnalité à la hauteur des défis qu’il se proposait.

Lorenzo Cot est originaire de Fenestrelle dans le Piémont oì il est né en 1825. Il a émigré en Argentine avec le convoi des Valaisans, des Savoyards et des Piémontais qui ont fondé la colonie San José en 1857, et très tôt il se fait remarquer par le général Urquiza, alors président de la République argentine et fervent promoteur de la colonisation de son pays. Celui-ci en fait bientôt son aumonier et son conseiller au palais de San José.

En 1858, le général, désireux d’agrandir la colonie San José, l’envoie en Europe pour recruter de nouveaux immigrants. Pour assurer le succès de son entreprise, le père Cot rédige une brochure dans laquelle il présente la colonie, ses atouts, la prospérité à laquelle elle est promise. Il en publie des extraits dans les journaux, parcourt inlassablement le Valais, le Piémont et la savoie, rencontre les hautes autorités de ces régions, et son action est si efficace qu’elle obtient finalement un grand succès, puisque 4 convois d’émigrants quittent l’Europe pour l’Argentine en 1859.

Dès son retour à San José, le père Lorenzo Cot s’implique dans la défense des droits des colons, ce qui provoque quelques conflits avec les autorités locales. D’autre part, certains s’irritent de son zèle à vouloir limiter aux catholiques le peuplement des colonies de la région, pour en assurer, pense-t-il, une plus grande unité. Ces tensions créent dans certains milieux un climat hostile au père Cot, au point qu’on lui interdit d’officier dans l’église de Colon dont il est le curé, et que l’inimitié que certains lui manifestent aboutit à son assassinat dans la nuit du 29 septembre 1868.

La mort du père Lorenzo Cot est édifiante. Alors qu’il loge chez des amis à Colon, un individu louche au visage recouvert frappe à la porte de ses hôtes et lui demande de venir au chevet d’une personne très malade. Ses amis lui déconseillent de suivre cet inconnu, mais le père Cot ne veut pas prendre le risque de refuser son secours à une éventuelle personne dans le besoin. « Je ne crains rien pour moi. Comment pourrais-je vivre avec le remords de n’avoir pas répondu à un appel de détresse ? » N’écoutant que son cœur et sa conscience, faisant fi des dangers potentiels, Il suit l’individu et dans la nuit, est attaqué par plusieurs complices armés de couteaux et d’armes à feu.

C’est ainsi qu’il y a juste 150 ans mourait, dans l’accomplissement courageux de son ministère de prêtre catholique, un père que ni les obstacles ni les menaces n’ont fait dévier du droit chemin de l’Evangile.

Aujourd’hui en Valais, on se rappelle avec émotion la vie de cet homme engagé sans compromission au service de Dieu, de l’Eglise et de ses frères colons. Le père Cot a été un pionnier à une époque où les pampas étaient encore désertes et parfois dangereuses, il aimait le pays qui l’a accueilli et qui a généreusement donné des terres et des ressources aux immigrés valaisans, piémontais et savoyards qui n’avaient pas chez eux suffisamment de quoi vivre décemment.

Par ce message, le Valais et les Valaisans s’associent aux célébrations du souvenir qui se déroulent en Argentine à l’occasion du 150e anniversaire de la mort du père Cot. Ils vous redisent encore le respect et l’admiration pour cet homme d’Eglise qui a servi la communauté des colons avec zèle et abnégation.

Merci donc de nous avoir donné l’occasion d’écrire ces mots, de vous saluer et de vivre en pensée et par le cœur ce 150e anniversaire particulier.

Au nom de l’Association Valaisans du Monde,
Au nom des Valaisannes et des Valaisans :
Alexandre et Christophe Carron, auteurs des livres « Nos cousins d’Amérique »

L’ouvrage de Celia Vernaz, professeure et historienne de San José, consacré à la vie et la mort violente du père Lorenzo Cot
La chapelle édifiée sur le lieu où le père Cot a été assassiné le 29 septembre 1868
Olguita Bonvin de Colon, descendante d’émigrés valaisans, lit le message écrit en Valais en hommage au père Lorenzo Cot à l’occasion du 150e anniversaire de sa mort. La cérémonie a eu lieu en face de l’église de Colon.