09.08.2015

09.08.2015

Tous les Valaisans de l’extérieur de passage en Valais à cette date sont cordialement invités à partager une raclette en commun.

Inscriptions et informations : info@valaisans.com

Assemblée générale

Assemblée générale

Invitation à la 23ème assemblée générale – samedi 9 mai 2015 à 17h00 – Bergerstube Ferden 
Einladung an unserer 23. Generalversammlung – Samstag den 9. Mai 2015 um 17Uhr00 – Bergerstube Ferden

15h15 visite du Musée du Lötschental à Kippel
15Uhr15 Führung des Lötschentaler Museums in Kippel

Info et inscriptions : marge.morand@bluewin.ch
Inofs und Anmeldung : marge.morand@bluewin.ch

 

Vidéo

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Marcelo Erramuspe


En el dia de la fecha viajaron dos jóvenes del Centro Valesano a Suiza en el marco del Convenio de Hermanamiento . La pasantía durará tres meses . Antes del viaje dialogamos con Sara Martínez y Maira Bel quienes realizarán la pasantía , así como también la Directora del Centro Silvia Fachini.

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Un conte sur l’émigration

Un conte sur l’émigration

Un conte sur l’émigration : récit de la poupée de rosalie

D’après Graciela Baravalle, petite-fille de Rosalie Micheloud de Baravalle, arrière petite-fille de Anne-Marie Dayer (de Georges et de Madeleine Mayoraz, nés à Hérémence Valais, Suisse) et de Vincent Sylve Micheloud (de Vincent et de Madeleine Crettaz) nés à Vex-Valais Suisse.
Mon histoire avec Rosalie

Dès que je l’ai connue, je me suis rendue compte que nous étions faites l’une pour l’autre. Moi je pouvais être le miroir de son âme et sa plus fidèle compagne et elle pouvait être celle qui donnerait à mon esprit la possibilité d’être humaine. Nous, les poupées, savons que si un enfant nous aime intensément, nous pouvons obtenir de la Fée des Enfants qu’elle exauce notre vœu le plus cher : prendre vie ! Tous les enfants savent qu’une poupée peut faire du monde le plus beau des paradis simplement en montrant aux hommes comment surmonter leur tristesse.

Il est difficile de traduire en paroles tout ce que Rosalie et moi avons vécu. Nous avons créé notre propre monde par notre seule imagination. Nous formions un duo parfait ! Moi, j’étais séduite par ses chants et ses jeux. J’étais sous le charme de son enfance dorée. Elle faisait de moi une partenaire privilégiée. Elle me portait et me promenait en me transformant en une actrice d’un style incomparable. Chaque jour, le plus merveilleux théâtre de contes de fées se déroulait entre nous. Les paroles les plus pro- fondes et les plus sincères devenaient des dialogues aussi authentiques que vitaux. Nous étions les actrices du plus beau des scénarios.

Son père insistait pour qu’elle dessine durant la journée. Mais non. Elle préférait jouer avec moi, ne manifestant aucune envie de laisser des traces et de construire son identité. Elle préférait notre complicité et nos dialogues. C’est moi seule qui ai pu la convaincre que le plus beau cadeau qu’elle puisse me faire était ses dessins et peintures. Je savais que lorsqu’elle voulait me faire plaisir, elle prenait ses crayons et, avec des gestes énergiques et réguliers, elle traçait des traits magiques qui devenaient des figures énormes : des fourmis et des « verbenas », des renards et des vers luisants, des glaciers et des traîneaux. J’étais heureuse de découvrir son monde à travers ses dessins !

I Les premières désillusions…

Un beau jour, j’ai observé qu’elle devenait plus silencieuse. Ses rires quittaient notre scène quotidienne et ses jeux cessaient d’être cloches au vent et colombe volante. Ses yeux bleus perdirent la flamme qui les faisait briller et montrèrent un ton plus obscur, moins transparent. Ils prirent la couleur des brouillards du soir.

Que se passait-il ? Soudain elle n’était plus la petite fille habituelle. Elle commença à avoir des moments d’inactivité ; on aurait presque dit de la tristesse. Elle passait beaucoup de soirées assise sous les tilleuls à regarder le ciel bleu et les sommets enneigés des montagnes d’Hérémence. Quand elle put enfin parler, elle me dit que son père avait décidé de partir en Amérique, malgré le peu d’intérêt montré par sa maman qui considérait que ce n’était pas une grande opportunité pour la famille. Ce soir-là, moi non plus je ne sus que dire. Quand elle me serra très fort contre sa poitrine, je ne pus qu’écouter en silence ses pleurs et ressentir sa profonde douleur. J’eus peur qu’elle ne me prenne pas avec elle. Dans un premier temps, je ne pus même pas lui deman- der ce qu’il adviendrait de moi. Jusqu’au jour où enfin elle put parler. Ô combien ses paroles m’ont tranquillisée! «Poupée, me dit-elle, comment peux-tu penser que je t’abandonnerais ici ? Tu fais partie de ma vie. Je ne pourrais pas m’habituer à vivre sans toi. »

Une nuit, je me réveillai en sursaut. Elle parlait à son papa d’une voix inhabituelle mêlée de sanglots. Elle vint vers moi, m’embrassa et me dit : « Ils ne me laissent pas te prendre avec moi. Papa dit qu’il n’y a pas de place pour les poupées. Il ne comprend pas que toi tu n’es pas n’importe quelle poupée, que tu es mon amie et que je ne peux pas vivre sans toi. »

Je ne trouvais pas de paroles, je restais silencieuse, la regardant et espérant qu’elle me dirait que ce n’était pas vrai, que son père comprenait, ou mieux, qu’il n’avait jamais envisagé cela, parce qu’il était tellement évident que nous ne pouvions pas vivre l’une sans l’autre. Mais non. Les crayons et les pinceaux, oui, la poupée, non. Ils étaient loin les jours où nous partagions tout : rires et pleurs, aventures et défis.

Je resterais dans la vallée comme témoin de ce qui se passait vers les années 1850 pour rappeler que la pauvreté vécue à cette époque avait été la cause de notre séparation.

J’entendis son père dire: «Ce n’est qu’une poupée!» et sa mère affirmer: «Là-bas il doit y en avoir d’autres, très belles. » Malgré l’insistance de ma petite amie, il n’y eut pas d’arrangement. Don Joseph avait décidé : « Seulement l’utile et le nécessaire pour le travail et les effets très personnels.» Les paroles cessèrent. Et ainsi, en silence, je commençais à penser à la séparation.

II Le départ

Brusquement, une secousse me réveilla. C’était Maman Madeleine qui m’envelop- pait dans une couverture de berceau et me plaçait dans une malle sombre. Par la fente d’un verrou, je pouvais voir une portion très limitée du monde, mais cela ne me préoccupait pas puisque je pouvais entendre distinctement toutes les paroles qui se prononçaient autour de moi, et celles surtout que je partageais avec ma très chère Rosalie. C’est ainsi que je pris part de loin à la réunion qui se tint, avant de partir, dans la maison de Monsieur Alexandre, l’aîné de ses oncles paternels. J’entendais les voix aussi bien des Dailloud que des Midaz (la famille de la maman de mon amie), mais sans beaucoup de cérémonial. Est-ce que par hasard ils ne se seraient pas réunis pour célébrer le départ ? De loin, on pouvait voir au milieu de la cave les verres remplis de la boisson traditionnelle… celle des fêtes… bien que l’atmosphère qui se dégageait indiquât que l’humeur n’était pas à la fête.

Les voix des femmes étaient absentes et les hommes prononçaient des choses que j’avais déjà entendues mille fois ; comme s’ils voulaient tuer le temps. Quand est ar- rivé le moment de partir, très ému, Monsieur Alexandre les a tous invités à mettre leurs verres vides dans une grande feuille de papier, puis ils rapprochèrent les bords de la feuille avant de l’offrir à Don Joseph comme cadeau, «pour que, dirent-ils, tu emportes notre dernier « santé ». Lui, il les plaça à côté de moi, dans un lieu protégé de la malle. Je vis comment ils se donnèrent tous l’accolade, fermement, sans aucune larme. Et nous nous mîmes en route.

III Le premier arrêt

Dunkerque fut la première étape de notre voyage. Dans mon coin obscur, je fus forte- ment secouée par les pavés de la ville et par les malles qui s’entrechoquaient. Odeurs des gens serrés les uns contre les autres, voix stridentes et confusion accompagnaient notre entrée dans un grand local. Nous restâmes là durant quelques jours jusqu’à l’embarquement.

J’entendais les hommes parler d’une voix courroucée à cause des promesses non tenues.

J’entendais des expressions plus rassurantes lorsque se présenta un individu qui par- lait une langue qui m’était inconnue. Du coin de l’œil, je réussis à voir que Rosalie avait pris pour la première fois les pinceaux pour ébaucher son visage: c’était un homme chevelu, avec une barbe et d’énormes moustaches blanches, vêtu d’un costume noir et d’une chemise blanche ; il avait aussi un chignon noir et des yeux très noirs. Son regard était profond et fier. Papa Joseph avait parlé de lui à de nombreuses reprises pour dire que c’était un grand homme. Le dessin que fit Rosalie me paraissait fort ressemblant. Elle savait traduire l’âme des personnes.

IV Quant l’éclat se ternit

Quand le bateau se mit en route de multiples interrogations s’éveillèrent en moi. Je cessais de partager l’existence quotidienne de Rosalie et j’entrepris mon propre parcours; soupe de la cuisine de sorcières et de tonneaux altérés; bousculades et secousses. Au début, les voix entonnaient des chansons qui résonnaient avec force. Au fur et à mesure que le temps passait, elles se turent et ce furent des pleurs de colère étouffée qui les remplaçaient. Il en fut ainsi durant très longtemps. Tout était amer et confus. Il flottait une odeur de tristesse et de sel. La musique des vagues se transfor- mait en un message terrible : sans ciel et sans brise, la malle ressemblait à une tombe. Pourquoi continuer à se laisser bercer par les rêves ? Pourquoi continuer à être vigilant ?

Une nuit, alors que l’obscurité enveloppait chaque recoin de l’embarcation, je pus percevoir depuis la cale que la mort était proche ; je sursautai en entendant des cris déchirants. Je sus qu’un bébé de dix mois n’avait pas résisté. Je ne sais pas ce qui m’est arrivé, mais moi j’eus une sensation horrible. Je sus que cette nuit non seulement le bébé avait dit «assez», mais que Rosalie touchait également le fond et renonçait à vivre. Je ne me trompais pas. Ce jour-là, toutes les sorcières sortirent ensemble et j’appris qu’elles se préparaient à convaincre la petite qu’il ne valait pas la peine de continuer.

V Le marché

Je ne sais pas bien ce qui se passa ni comment. Depuis la cale et du milieu de la malle, je ne pouvais participer que de loin. J’entendis des voix. Soudain, ce fut de très près celle de Doña Madeleine qui disait : « C’est ici ! Par chance, je l’ai apportée ! » Elle me prit dans ses bras et partit à une vitesse inhabituelle pour elle. J’arrivai sur le pont du bateau.

Enfin, je respirais un air pur! La nuit était illuminée par une lune incroyablement blanche. Mais… les mines des gens n’étaient pas celles que j’avais l’habitude de voir dans la vallée. Il régnait un silence de mort. La distance océanique semblait infinie au point de devenir un obstacle infranchissable. La petite était blanche comme le sel et froide comme la neige. Quel étrange sortilège s’était emparé d’elle, elle toujours si pleine de vitalité et débordante de joie ?

Où étaient restés ses questions permanentes et son regard tellement plein d’étoiles et de lumière ? Où ses petits yeux posaient-ils leur regard lointain ? Quelle étrange sensation envahissait tous ceux qui étaient à ses côtés pour qu’ils ne puissent pas lui donner goût à la vie ?

Alors je sus que j’avais une mission incroyable : que je devais lui donner la vie qu’elle avait toujours voulue pour moi. Que c’était le moment d’offrir toute mon énergie à la Fée des Enfants pour qu’elle transforme les faibles soupirs de Rosalie en une impul- sion qui anime et perpétue la vie. Je savais que la fée pouvait entendre ma demande. Je savais aussi que je devais offrir quelque chose en échange. Et il en fut ainsi. Je re- nonçai pour toujours à me transformer en Pinocchio en échange du souffle de vie pour ma petite.

VI Le renoncement

C’était le 24 décembre. Dans un coin du bateau on célébrait la messe de Minuit. Sur un autel improvisé brillait faiblement une étoile et, à ses côtés, le berceau du petit enfant s’illuminait de ses scintillements. Moi, je savais que la Fée des Enfants était là, sur la pointe même de l’étoile de Noël. Et je me dirigeai vers elle. Elle me reçut avec sa douceur habituelle ; elle écouta ma demande et ma proposition.

Es-tu sûre que tu renonces à te transformer en une vraie petite fille ?

C’est mon désir le plus cher pour pouvoir aider Rosalie !

Comment et quand veux-tu que nous transférions tes pouvoirs à la petite ?
A minuit, quand sonneront les cloches, au moment-même de la naissance de l’Enfant, je désire que la petite retrouve son envie de vivre.
C’est ainsi que sur le pont tous les passagers purent voir les voiles se gonfler avec plus de force; les chansons vibrèrent à l’unisson dans la Nuit de Paix, une fillette mori- bonde recevait dans ses mains une poupée et délicatement la prenait dans ses bras. Malgré la pénombre, la lumière d’une étoile très brillante illumina les yeux de la poupée. Toutes les personnes présentes purent observer que dans ses yeux, dans ses yeux de jouet, apparaissait une lueur très particulière ; ce n’était ni du verre ni de la couleur, ce n’était ni de la matière ni de la lumière étoilée ; c’était quelque chose de différent. Brusquement, la lueur des yeux de la poupée disparut et à l’instant même la petite souleva légèrement ses paupières et ses lèvres laissèrent échapper un soupir inespéré. Une exclamation de surprise et de joie retentit :

« Poupée, tu es avec moi. Maintenant tout sera différent. »

VII Offrande d’amour

Elle revint à la vie et se rétablit presque immédiatement. Les couleurs mirent quelques jours à teinter ses joues : le temps qu’elle récupère son énergie jadis débordante ! En- suite elle se rendit compte du changement intervenu en moi. Au début, elle ne voulut pas se résigner. Elle ne cessait de me parler, de me raconter des choses, de me ber- cer, de me porter par-ci, par-là. Ensuite, elle recourut à ce qui pour nous deux était magique : les dessins. Elle se mit à recréer les plus invraisemblables paysages de mer et de ciel, de bateaux et de pirates.

Jusqu’au moment où les eaux commencèrent à verdir.

« Chère Poupée, me dit-elle, hier soir j’ai reçu une visite. La Fée des Enfants est venue et m’a révélé un secret. Elle m’a dit qu’elle t’avait choisie pour que tu l’accompagnes pour vivre toujours dans l’Etoile de l’arbre qui protège la crèche la Nuit de Noël. Et qu’elle-même se chargerait de t’offrir à l’enfant qui en a le plus besoin. Et qu’ainsi tu opérerais, chaque Nuit de Noël, le plus beau des miracles: tu donnerais la force de vivre à un enfant de grand cœur. Et je ne pus pas dire non, même si cela me fendait l’âme. Moi je sais que ton vœu le plus cher est d’accompagner les enfants gentils et de t’installer dans leur cœur, c’est pourquoi je prends un engagement envers toi : je vais te dessiner chaque jour ce que je verrai pour que nous soyons toujours unies. Main- tenant nos liens ne seront plus nos paroles, mais les dessins et les images. Je te pro- mets que tous les jours je te ferai les plus beaux des dessins. Pour terminer, la Fée des Enfants m’a demandé de te déposer dans un lieu très spécial qu’elle m’indiquera. »

VIII Le ciel nous unit

Le Lord Raglan arrivait en vue de Buenos Aires. Dans la couverture, ma petite Rosa- lie me préparait fiévreusement. Lorsque le bateau accosta, une magnifique colombe blanche se posa très près de nous deux. A cet instant, elle me regarda profondément et une larme perla de ses yeux au moment où elle me dit :

« Ceci est le message Poupée. Cette colombe est chargée de t’emmener vers la Fée des Enfants. Je sais qu’elle sera messagère et te dira tout ce que je peins pour toi où que tu te trouves. Prépare-toi à connaître des choses incroyables. Moi je serai heureuse de savoir que tu seras avec chaque enfant qui a besoin de ton amour et de ton soutien. » Et levant ses petites mains, elle me déposa dans le bec de la colombe qui s’envola.

Texte reproduit avec l’aimable autorisation de son auteure, Mme Graciela Baravalle.