L’émigration au Brésil, 175 ans après

Un peu d’histoire

A la suite d’une longue campagne de recrutement organisée par l’Etat brésilien en vue de favoriser l’immigration, cent soixante Valaisans vont quitter le pays. L’autorisation est donnée le 6 juin 1819. Vingt-six couples avec 91 enfants, quinze célibataires et deux veuves proviennent des localités suivantes : Entremont 77 (Bagnes 30, Orsières 41, Liddes 6), Saxon 29, Martigny 19, Finhaut 17, Ems 7, Chamoson 5, Saillon 2, Vionnaz 2, Bramois 1, Muraz 1. Ces cent soixante Valaisans, réunis le 1er juillet 1819 à Bex, font partie d’un convoi de 2006 Confédérés qui quittent Estavayer-le-Lac en bateau, le dimanche 4 juillet 1819. Ils se retrouvent en compagnie d’émigrants des cantons de Fribourg (830), Berne-Jura (500), Vaud (90), Neuchâtel (5), Genève (3), Argovie (143), Soleure (118), Lucerne (140), Schwyz (17).

(Voir bibliographie Alexandre et Christophe Carron, Nos Cousins d ’Amérique, tome II, 3e partie).

Retrouvailles

Au fil des années, les relations avec le vieux continent s’estompent pour devenir inexistantes. Avant 1970, les contacts entre les Valaisans et leurs cousins d’Amérique sont limités à quelques cas isolés. Puis ces contacts s’intensifient, se développent, et des cousins commencent à franchir l’Océan dans les deux sens. En 1991, le projet Valaisans du Monde, grâce à une rencontre d’une rare importance intitulée Retrouvailles 1991 permet à quelque 1600 descendants d’émigrés de vivre le 700e anniversaire de la Confédération suisse en Valais et de renouer ainsi avec leurs cousins des liens solides et nouveaux.

Aujourd’hui, le Brésil bouge

Ces retrouvailles ne sont pas sans lendemain. A ce jour, les descendants d’émigrés valaisans au Brésil sont très nombreux (quelque 40 000) et disséminés dans plusieurs états ; ils recherchent ou tentent de rechercher leurs origines. Les comités régionaux mis en place en 1989 se sont actualisés avec de nouveaux statuts et de nouveaux responsables. La récente visite du président de Valaisans du Monde dans le pays a provoqué de nouvelles rencontres, et surtout resserré et vivifié les liens existants.

Il est permis d’écrire : aujourd’hui, le Brésil bouge. Un nouveau comité – présidé par Manyr Japor, Fribourgeois d’origine mais grand ami du Valais – est né à Rio de Janeiro en collaboration avec l’Association Geneviève Lugon-Moulin, présidée par Aristides Mulin, originaire de Finhaut. Ce comité regroupe les états de Rio, Espirito Sancto, Minas Gerais, Sao Paulo, Santa Catarina. L’Association des descendants de Valaisans du Parana à Curitiba est également très active, sous la présidence de José Celso de Almeida, descendant des Ançay de Fully. Son siège est en construction, d’étroits contacts et des échanges sont entrepris avec le consul de Suisse, M. Heinz Gerhard. Un groupe folklorique a vu le jour. Le comité de Paranavai, présidé par Edilene Ebiner-Eckert, d’ascendance sédunoise, est en relations avec celui de Curitiba, et les échanges se multiplient actuellement. Au Rio Grande do Sul (presque sept fois la superficie de la Suisse), où beaucoup d’émigrés de 1850 à 1880 se sont installés, trois comités régionaux œuvrent avec vitalité: – à Carlos Barbosa (président Valmor Tadeu Dalcin, descendant des Sauthier de Charrat), un terrain est mis à disposition pour la construction d’un siège pour tout le Rio do Sul – à Caxias do Sul (responsable: Ivone Denicol, originaire de Saxon), des assemblées sont régulièrement tenues – à Porto Alegre, un imposant travail a été réalisé et on a inauguré une place baptisée Canton du Valais, sous la présidence de Lineo Chemello, d’origine Bruchez et Gédoz de Saxon, président également de l’Association du Brésil. Aujourd’hui, ces sept comités collaborent entre eux et une coordination existe. D’ailleurs, certains comités n’ont pas craint de parcourir 900 kilomètres pour assister à l’assemblée générale d’une autre région et fraterniser. C’est dire l’enthousiasme et la passion manifestés par les cousins du Brésil à se rencontrer, chercher, échanger, collaborer, etc. Cela permet aux familles isolées ou éloignées de reprendre contact et de rejoindre une association ouverte à leurs désirs. Rappelons aussi que ce qui se passe au Brésil vaut également pour l’Argentine, à plus grande échelle, et pour l’Amérique du Nord (Canada-Etats-Unis). Et jusqu’au plaisir de leur rendre visite : bonne route à tous !

Roland Gay-Crosier, président de «Valaisans du Monde»
13 Etoiles, Reflets du Valais, Mars 1994, N° 3, 44e année